Sylvie Lafargue et Alain Dupeyre
Des pêches à maturité
Labarthe (82)
partenariat depuis : 1990
dernière visite : 09/07/2018
Aux environs de 8h, à près d’1h30 de Toulouse et après une traversée des magnifiques campagnes vallonnées du Quercy, notre voiture de location s’engage sur un sentier. « Là ce sont leurs vaches, et là haut, leur maison », annonce Mathieu qui est un habitué des lieux. Il nous conduit jusqu’à un verger un peu plus loin et c’est à la cueillette que nous retrouvons Sylvie et Alain. Eux sont au travail depuis le petit jour, 6h du matin. Ils profitent de la fraîcheur des débuts de journée pour récolter. Le soleil pointe délicieusement et nous ne pouvons résister à croquer dans quelques pêches plates, tièdes, juteuses.
C’est d’ailleurs l’heure du petit-déjeuner, ils nous attendaient. Après le café, nous entamons les enregistrements autour d’un pot de confiture (de pêches, naturellement). Nous sommes chez Odile, madame Dupeyre mère. L’évocation des liens avec les anciennes générations est incontournable. Ici encore, ce sont les parents d’Alain et de Mathieu qui ont commencé la collaboration il y a plus de 20 ans. Le passage en bio dans les années 70 n’a pas été facile, mais les Dupeyre ont fait le bon choix, et aujourd’hui, leur nom a gagné une belle renommée.
Madame Dupeyre raconte « À l’époque, on sarclait tout à la main ». Si certaines techniques ont évoluées, Alain et Sylvie, sa compagne, ne sont toujours que deux pour s’occuper de l’ensemble des tâches. Ils cultivent des pêches, des reines-claudes, des pommes, des poires et du raisin. Sylvie et Alain sont très occupés car, en plus des arbres, ils s’occupent de l’élevage de leurs vaches allaitantes. Il faut dire que la polyculture couplée à l’élevage comme ils la pratiquent est une rareté chez les agriculteurs. Pour Alain, ce circuit « en autonomie » est essentiel. Le fumier des vaches sert de compost pour les arbres, et c’est ce qui fait la qualité du fruit.
Un passage dans chacun des vergers nous permet d’aborder des thèmes aussi variés que le climat, les oiseaux, les filets paragrêles, les pucerons, la cloque, les monilioses, l’enherbage des rangs, la durée de vie des arbres…
« Il faut prendre du plaisir à faire plaisir. »
Sylvie et Alain ne visent pas la productivité, mais la qualité du produit. Une démarche qui nous plait chez les 3b, nous nous inclinons.
Une des principales raisons du goût si particulier de leurs fruits, c’est qu’ils sont cueillis à maturité. « On la cueille quand elle a les joues roses ». Si cela semble logique, ce n’est pourtant pas ce qui est pratiqué habituellement. En effet, la pêche mûre est fragile et cela implique plusieurs complications : il y a plus de perte sur l’arbre, le transport est délicat.
L’étape de la mise en plateau demande un soin tout particulier car les pêches mûres ne peuvent être passées à la calibreuse mécanique. C’est à Sylvie que revient la charge de les trier, une à une. Elle nous explique cette étape bien en détails.
Cette dernière a un tel amour de ses produits qu’elle se déplace sur les marchés locaux tous les samedis pour en faire elle-même la présentation et la vente.
Notre venue est aussi le moment d’évoquer les problèmes spécifiques à la culture en bio. Oiseaux et insectes ravageurs, mais aussi la météo imprévisible, sont les aléas que connaissent les agriculteurs au quotidien. La cloque et les monilioses (champignons) sont les principales difficultés dans le verger des pêchers.
D’année en année, avec l’expérience, des techniques sont mises à en place pour prévenir les catastrophes, améliorer le goût, la régularité des rendements. Installation des filets paragrêle, presque pas d’irrigation, binage, travail du sol, enherbage des interrangs, … sont quelques uns des « secrets » des Dupeyre-Lafargue.
La visite s’achève par une (trop) courte sieste dans un hamac, le ventre rempli des bons petits plats préparés par Sylvie, avec le chant des cigales en ambiance sonore d’arrière plan. Que du bonheur.