Didier Albouy
Cailles et potimarrons en bon voisinage
Saint-Saud-Lacoussière (24)
partenariat depuis : 2015
dernière visite : 19/09/2019
Quelques accents orangés surgissent d’entre les feuilles, au sol : des potimarrons. Non loin, une construction rudimentaire abrite un élevage de cailles. Le lien entre la courge et les volatiles ? Didier Albouy l’a imaginé avec Mathieu Corvaisier, en 2015.
Les déjections des œufs de cailles sont un excellent fumier pour les potimarrons car elles contiennent beaucoup d’azote. De ce point de vue, la culture de la courge et l’élevage des cailles sont donc complémentaires. Mais l’association des deux est aussi, dans ce cas précis, la résultante d’une opération de financement. Mathieu raconte :
« J’ai rencontré l’associé de Didier Albouy à l’époque sur le marché : il était venu cherché des personnes intéressées par la consommation d’œufs de caille parmi la clientèle des marchés biologiques de la capitale. Son idée était de débuter par financement participatif, mais il n’avait alors récolté que 150 € sur les 20 000 € nécessaires. » Le projet « fou, mais qui se tient » séduit Mathieu qui décide de lui faire une avance. En échange, Didier Albouy fournit les 3B en tonnage de potimarrons, sur une période contractualisée. Les courges nous sont envoyées depuis le Périgord Vert, situé à mi-chemin entre Limoges et Périgueux.
Derrière l’homme réservé, on devine l’engagement, une force qui rend le cheminement de pensée indissociable de l’action. Lui qui découvre les bienfaits des œufs de caille alors qu’une personne de son entourage est touchée par des allergies, il s’étonne de ne trouver dans le commerce aucun produit « naturel », ou provenant d’élevages respectueux du bien-être animal. Les conditions d’élevage des cailles pondeuses sont en effet obscures : il n’existe pas de marquage obligatoire sur le mode d’élevage des cailles comme il en existe pour les poules. Le label bio est par ailleurs indisponible pour ces œufs, tant les éleveurs sont rares dans cette voie.
Passionné par les animaux et plus particulièrement les oiseaux, Didier Albouy se lance, comme une évidence. Dès lors, tout n’est que déductions, mise en pratique, persévérance et un peu de chance.
Didier est un personnage aussi décalé qu’intègre. Lors de notre visite, nous faisons la connaissance de "Craquette", son perroquet. L’oiseau femelle est intelligente, fidèle, mais aussi jalouse et n’aime pas quand « d’autres filles » entrent dans la maison. Ce jour-là, elle restera donc dans sa cage. Sur le seuil de la porte d’entrée reluisent des bidons d’huile de friture : du carburant pour moteur ? Lorsque nous avons connu Didier, il faisait tout à la main. Il reconnait avoir changé d’avis pour le tracteur, « tout de même pratique » pour qui gère seul son exploitation. Le véhicule lui sert notamment pour débroussailler, car il s'est lancé dans un nouveau projet d’envergure : l’achat d’un terrain un peu plus grand, à une dizaine de kilomètres, dans la commune des Trois Cerisiers.
Au départ, son installation comprendra un hangar solaire et trois mobile-homes : un d’habitation, un autre sanitaire, et le dernier comme atelier. Jamais inquiet, l’agriculteur évoque l’importance de ses amis, de l’entraide. Les mêmes personnes qui l’ont aidé à construire sa serre en châtaignier pourront l’épauler dans cette nouvelle étape.
Une belle leçon pour débuter l’année 2020 !